Qui se souvient encore des « sabots », ces sortes de fers à repasser qui étaient utilisés pour les premiers paiements par carte bancaire ? En France, la carte bancaire s’est imposée, depuis, comme le principal moyen de paiement scriptural(1) : en 2021, 57% du nombre de transactions se faisait par carte bancaire (données Banque de France) et de nouvelles générations de TPE (Terminal de Paiement Electronique) font régulièrement leur apparition sur le marché. Dernièrement avec l’envol du sans contact grâce à l’effet Covid (pour les montants de moins de 50€), ces appareils si reconnaissables avec leur petit écran et clavier, se sont vu dotés d’un espace supplémentaire dédié au sans contact.

En 2019, on comptait en France plus de 2 millions de TPE, selon Statista. Mais le taux de renouvellement a accéléré, à l’heure où les frontières entre ligne de caisse, self-scanning, terminaux de paiement, bornes de commandes et ou tablettes digitales s’estompent. Le marché des TPE, historiquement dominé par Ingenico et Verifone, s’oriente vers des options plus mobiles, plus connectées, plus tactiles et plus polyvalentes.

Cela fait plus de 5 ans que des acteurs comme Boulanger, Sephora, suivant en cela l’exemple d’Apple, se sont dotés d’outils mobiles d’encaissement sur le point de vente. Il s’agissait de réduire les files d’attente en caisse mais aussi de fluidifier l’expérience en magasin, en donnant aux vendeurs les moyens non seulement de conseiller (caractéristiques de produits stocks en magasin) mais aussi d’encaisser pour ne pas « casser l’expérience d’achat ». Plusieurs enseignes de beauté et de pharmacies sont également en train de s’équiper, pour lutter contre les points d’engorgement lors des pics d’affluence. Car le paiement en mobilité poursuit sa percée.

Ainsi, l’enseigne de beauté Marionnaud (1100 magasins) s’est équipée d’une solution sur smartphone et sur tablette, qui permet à ses vendeurs en magasin d’encaisser n’importe où, en caisse ou en mobilité, et de traiter tous les parcours omnicanaux (e-réservation, commandes client, ship from store). Cette solution proposée par Keyneosoft est reliée à une application d’encaissement.
De plus en plus, les terminaux de paiement mobiles sont adoptés, sous une forme simplifiée, par les commerçants indépendants, les pop-up stores et les petites boutiques. Les petits commerces (food trucks, épiceries, concept stores...) ont vulgarisé ces petits boitiers, lecteurs de carte mobile. Couplés avec des smartphones, ils permettent de payer par carte y compris sans contact (pour des paniers de moins de 50€).

Mais une nouvelle génération de SmartPOS promet de changer la donne. Grâce au système d’exploitation open-source de Google Android, ce type d’équipement est capable de proposer de nombreuses applications (envoi des tickets par e-mail et SMS, paiements fractionnés, module de pourboire ou d’avis clients, historique digitalisé...). Ces TPE intelligents sont testés en particulier par le groupe Carrefour, qui y voit un moyen de répondre à la demande de simplification et de gain de temps des clients. Sur leurs écrans, plus grands que ceux des TPE classiques, les clients Carrefour peuvent voir où en sont leurs points de fidélité, ou même recevoir des promos avant de finaliser leurs achats.

Enfin, certains envisagent la disparition partielle des TPE, à l’heure où les smartphones se démocratisent comme terminaux de paiement. Ici, les nouveaux terminaux sont remplacés par des applications, qui tirent profit des fonctionnalités des smartphones. Aujourd'hui, leur déploiement est limité par plusieurs facteurs : ils sont limités aux achats inférieurs à 50€ (plafond du paiement sans contact), et ne sont pas adaptés au paiement au poids (pesée des fruits et légumes) ni aux espèces. Dans le luxe ou la mode, leur déploiement devrait néanmoins accélérer à partir de 2023, quand la future norme de carte bancaire FR V6 permettra de payer plus de 50€ sans contact, en tapant son code directement sur la tablette, sans avoir à insérer sa carte. Pour les enseignes, ce système est financièrement plus attractif : elles payent seulement l’abonnement à l’application d’encaissement sans avoir à s’équiper avec des TPE. L’annonce d’Apple, avec la fonctionnalité Tap To Pay qui permet aux retailers d’accepter les paiements sans contact via un Iphone, va dans ce sens.

Pour les retailers intégrés comme pour les franchisés, tout l’enjeu est d’investir dans les solutions répondant à leurs objectifs, sans pour autant tomber dans l’effet de mode. Car choisir un nouveau modèle de TPE a un impact, à la fois sur la relation clients (expérience paiement, fidélisation) mais aussi sur l’efficacité opérationnelle (les nouveaux systèmes « intelligents » intègrent souvent la gestion des datas mais aussi du back office comme l’inventaire et les commandes). Il s’agit de trouver, en fonction de son activité, les solutions les plus faciles à intégrer en magasin (encombrement, design, formation des équipes, compatibilité avec les systèmes IT existants) et... les moins coûteuses. Et ce, sur le long terme, en intégrant les coûts de maintenance (mise à jour des softwares, achats complémentaires d’applications).

(1) Les moyens de paiement scripturaux (carte, virement, prélèvement, chèque, etc.) sont des dispositifs qui permettent le transfert de fonds tenus dans des comptes suite à la remise d'un ordre de paiement. Ils s'opposent à la monnaie fiduciaire (billets et pièces)

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